Journal d'une femme heureuse
GENEALOGIE
Voilà Mémé ! Me voilà, Moi voilà !
Je te donne de mes nouvelles
Depuis ton départ, je vis comme quand tu étais encore là, sans rien dans mes poches qui ne ressemble à ce que tu espérais pour moi
Je t’ai déçue Mémé ? Je n’ai pas fait de grandes choses mais tant de petites qui mises bout à bout, composent le Kaléidoscope de moi-même
Me regardes-tu de la haut ? Avec ce regard par-dessus tes montures écaille, avec collée à ta paupière inférieure cette petite boule de chair rose qui flattait le vert de ton iris. J’ai la même couleur d‘yeux que toi
Je vois ton sourire indulgent et borné d’amour pour moi
Ta souffrance n’a eue qu’un seul prénom, la mienne s’est épelée à l’infini
Mais j’entends ton rire ! Ton rire de souris parsemé de « Hihihihihi, mais que tu es folle ma fille ! »
Donne- moi ta main Mémé …
« Tu te rappelles ? Quand on voit les veines, on voit les peines ! »
Tu disais cela quand je caressais le dessus de tes mains écorchées par les épines des rosiers rose et jaunes, protégés par un alignement de pierres et qui bordaient ta maison
Dans ta vieillesse cela ne cicatrisait que trop lentement, ces égratignures je les frottais contre mes joues d’enfant, comme un soin magique !
Tu coules dans mes veines et dans mes peines mémé
C’est en bouquet de roses, d’herbes folles, de maquis odorant et d’arbouses géantes que je continue de t’aimer infiniment, et que ta tendresse, nichée dans mes souvenirs, me console de mes chagrins.
TA PEAU
Quelques grains de beauté épars
Une rime en peau qui éclaire le chemin
La tiédeur se détaille finement au pinceau
En courbes et en aplats sur une nuit sans nuages
J’erre parfois, trouble d’une rive à l’autre
Lèvre supérieure au dessus, rêves en dessous
Je m’élève dans les airs et plane en oiseau plumetis
De mon œil sans cils je désagrège les brises
Dans les battements sourds de mes veines gonflées
Je vais chercher ta main Je l’enroule dans la mienne pour ne pas la lâcher
Je cascade de doigts dans la chaleur de ta paume
Je détaille en marmonnant chacun de tes pores
Et finis en bouquet de baisers sur tes poignets serrés
J’aime un seigneur sans armure et sans lauriers
Dont chaque révélation mille feuilles la première
Comme je ne possède rien, je suis bien embarrassée de moi-même
Seule et fragile dans mon amour tout entier.